Les enfants de l’automne ont un regard velours.
L’été les a manqués, l’hiver va les surprendre,
Les marrons jonchent le sol, l’arbre perd ses atours,
L’air sent le champignon, le nuage et la cendre.
Les enfants de l’automne sont privés de chaleur,
Trop tôt pour une flambée, trop tard pour le soleil,
Un halo de brouillard endort les dernières fleurs,
Le silence est troué par les cris des corneilles.
Les enfants de l’automne sont gorgés de douceur,
La pomme et le raisin font un jus sans pareil,
Les noix servent de billes, triées selon grosseur,
Un hérisson somnole à l’ombre de la treille.
Les enfants de l’automne chérissent la couleur ocre
Foin du vert printanier, du rouge cornaline,
Aux pierres de couleur vive qu’ils jugent trop médiocres
Ils préfèrent l’ammonite, le jaspe ou la citrine.
Les enfants de l’automne vivent dans l’espérance,
« Octobre emmitouflé, décembre ensoleillé ».
L’année qui se finit raccourcit leur enfance,
L’astre roi rend les armes, prêt à s’ensommeiller.